La nymphomanie, ou hypersexualité féminine, est un trouble psychique qui se manifeste par une obsession maladive pour le sexe. Les personnes qui en souffrent éprouvent un besoin irrépressible de multiplier les rapports sexuels, au point où cette pulsion incontrôlable finit par perturber leur vie quotidienne et sociale.
Longtemps attribuée aux femmes, considérées comme des « folles du sexe », l’hypersexualité touche pourtant autant les hommes que les femmes. On parle alors de satyriasis chez l’homme. Mais le trouble reste plus stigmatisant pour les femmes,davantage montrées du doigt lorsqu’elles osent assumer leurs pulsions.
Pourtant, derrière cette faim dévorante de sexe se cache bien souvent une profonde détresse psychologique. Incomprises, rejetées, isolées socialement, les personnes souffrant de nymphomanie mènent un combat quotidien contre leurs pulsions incontrôlables, au prix d’une souffrance silencieuse.
Retour sur ce trouble méconnu, ses causes, ses manifestations et les solutions pour s’en sortir.
Qu’est-ce que la nymphomanie ou l’hypersexualité ?
Des termes à clarifier
La nymphomanie désignait à l’origine l’obsession sexuelle chez les femmes, perçues comme des « folles du sexe » voraces et insatiables. Aujourd’hui, on parle plus volontiers d’hypersexualité, un terme non genré qui reflète la réalité des troubles compulsifs liés au sexe : ils touchent autant les hommes que les femmes.
Chez l’homme, on emploie le terme de satyriasis. Mais, quel que soit le sexe, le trouble reste essentiellement le même : il s’agit d’une pulsion sexuelle effrénée échappant à tout contrôle, envahissant l’esprit et perturbant la vie quotidienne.
Une addiction au sexe
L’hypersexualité s’apparente à une véritable dépendance, un peu comme l’alcoolisme ou la toxicomanie. La personne hypersexuelle éprouve un besoin compulsif de rapports sexuels, une soif inextinguible qu’elle cherche à assouvir frénétiquement, au mépris de sa santé ou de sa vie sociale et affective.
Cette quête effrénée de plaisir sexuel est dictée par une force incontrôlable, semblable à l’appel irrésistible ressenti par l’alcoolique ou le drogué en manque. Sauf qu’ici, c’est le manque de sexe qui provoque ce besoin viscéral.
Un trouble invalidant
Contrairement aux idées reçues, l’hypersexualité n’a rien d’hédoniste ou d’épanouissant. C’est au contraire un trouble psychique invalidant, qui empêche les personnes qui en souffrent de mener une vie affective et sociale équilibrée.
Loin de la vision fantasmée de la nymphomane insatiable, les hypersexuels mènent un combat épuisant contre leurs pulsions, au prix d’une détresse psychologique intense. Incomprises, rejetées, elles sombrent peu à peu dans l’isolement, noyées sous le poids de la honte et de la culpabilité.
Quelles sont les causes de l’hypersexualité ?
Les origines de la nymphomanie ou de l’hypersexualité restent mal comprises par la communauté scientifique. Cependant, plusieurs pistes sont explorées par les chercheurs pour expliquer le développement de cette obsession du sexe.
Des troubles psychologiques sous-jacents
Dans la majorité des cas, l’hypersexualité serait la manifestation de troubles psychologiques plus profonds, notamment :
- Des traumatismes liés à l’enfance : abandons, carences affectives, abus sexuels…
- Des troubles de l’attachement
- Des troubles anxieux ou dépressifs
- Des troubles de la personnalité (borderline, narcissique)
- Des troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
Le comportement hypersexuel serait alors un mécanisme inconscient pour compenser ces troubles : abandonniques, les personnes hypersexuelles chercheraient à combler un vide affectif et à fuir leur détresse intérieure à travers la sexualité.
Des facteurs biologiques
Certains chercheurs évoquent également des facteurs biologiques pouvant favoriser l’hypersexualité :
- Un dysfonctionnement du système de récompense cérébrale, altérant le circuit de la dopamine (hormone du plaisir) ;
- Un déséquilibre hormonal (taux anormaux de testostérone par exemple) ;
- Des anomalies génétiques modifiant la libido ;
- La prise de médicaments psychiatriques (antidépresseurs, anxiolytiques), dont certains effets secondaires peuvent accentuer la libido.
L’influence de facteurs sociaux-culturels
Enfin, le développement de la cybersexualité (pornographie en ligne, sites de rencontres, réseaux sociaux…) pourrait également favoriser l’émergence de conduites hypersexuelles, en donnant un accès facilité et illimité à la sexualité.
Certains évoquent aussi le rôle de l’éducation et des tabous autour de la sexualité, qui engendreraient des frustrations et un rapport malsain au sexe. Mais ces facteurs culturels et sociaux ne suffisent pas à eux seuls à expliquer le trouble, qui résulte avant tout d’une vulnérabilité psychologique de la personne.
Quels sont les symptômes de la nymphomanie ?
Les manifestations de l’hypersexualité peuvent prendre des formes variées d’une personne à l’autre. Cependant, on retrouve généralement plusieurs constants chez les personnes souffrant de ce trouble.
Un besoin sexuel excessif et incontrôlable
Le symptôme cardinal de l’hypersexualité est un appétit sexuel excessif ne pouvant être réfréné, envahissant l’esprit du matin au soir. La personne est obsédée par le sexe, avec une multiplication des fantasmes et des pensées à caractère sexuel.
Ces idées envahissantes se doublent d’une montée intenable de l’excitation sexuelle. Pour supporter ce désir dévorant, la personne va alors chercher à assouvir frénétiquement son envie pressante de sexe, dès que l’occasion se présente.
Des pratiques sexuelles compulsives
L’hypersexuel va ainsi s’adonner à diverses pratiques de manière quasi-compulsive :
- Multiplication des plans cul avec différents partenaires;
- Masturbation compulsive, pouvant aller jusqu’à plusieurs dizaines de fois par jour ;
- Fréquentation obsessionnelle de sites pornographiques, de lignes érotiques, de clubs libertins ;
- Recours excessif aux sites de rencontres sexe en ligne, au sexting, au cybersexe ;
- Consommation excessive d’aphrodisiaques ou de produits dopants pour augmenter la libido.
Ces pratiques ont lieu de manière répétitive et croissante, envahissant progressivement la vie de la personne qui finit par organiser son quotidien exclusivement autour du sexe.
Une perte de contrôle
Malgré des tentatives désespérées pour refréner son comportement et reprendre sa vie en main, l’hypersexuel se retrouve incapable de contrôler ses pulsions. Celles-ci s’imposent à lui comme une force irrésistible, un besoin viscéral qu’il doit assouvir coûte que coûte.
La personne a beau prendre conscience des conséquences néfastes de son addiction sur sa vie, elle se retrouve impuissante face à l’emprise de ses obsession sexuelles, qui finissent toujours par l’emporter.
Quelles sont les conséquences de l’hypersexualité ?
Sous des dehors trompeurs, cette sexualité effrénée cache en réalité une souffrance immense. En effet, au fur et à mesure que progresse l’addiction, l’hypersexuel voit sa vie affective et sociale se déliter, tandis que monte en lui un profond sentiment de détresse.
Les relations interpersonnelles de l’hypersexuel se retrouvent rapidement affectées sous l’effet de cette obsession dévorante du sexe. Incapables de s’engager dans une relation suivie avec un·e partenaire, les personnes hypersexuelles enchaînent les conquêtes et les aventures sans lendemain.
Rongés par la honte, ils préfèrent alors s’isoler socialement pour dissimuler leur trouble. Ils deviennent peu à peu des solitaires, renfermés sur leur obsession, se coupant de leurs proches qui ne les comprennent pas.
Des difficultés professionnelles
Leur vie professionnelle pâtit également de ce comportement addictif. Incapables de se concentrer à cause de leurs pensées envahissantes à caractère sexuel, les hypersexuels voient leurs performances au travail se dégrader. Certains finissent même par perdre leur emploi, après avoir été surpris à consulter des sites pornos sur leur lieu de travail.
Des comorbidités psychiatriques
A force de refouler leur souffrance, de nombreux hypersexuels finissent par sombrer dans d’autres troubles psychiatriques :
- Dépression et tendances suicidaires ;
- Troubles anxieux ;
- Troubles du comportement alimentaire ;
- Addictions associées (alcool, drogues, médicaments…)
Ces pathologies aggravantes accentuent leur détresse psychologique et leur perte de contrôle sur leur existence.
Une sexualité dysfonctionnelle
Paradoxalement, plus l’addiction progresse, plus la sexualité devient dysfonctionnelle. Incapables de ressentir le plaisir et la jouissance escomptés malgré la multiplication des rapports, les hypersexuels sombrent dans une forme de frustration chronique.
Cette incapacité à assouvir pleinement leurs pulsions ne font qu’accentuer leur sentiment de manque et leur faim sexuelle, entretenant le cercle vicieux de l’addiction.
Comment soigner l’hypersexualité ?
Bien qu’invalidante, il est possible de se sortir de l’hypersexualité et de renouer avec une vie épanouie. Mais le chemin est long et demande beaucoup de courage et de persévérance. Petit tour d’horizon des solutions existantes.
1. Consulter un professionnel de santé mentale
La prise en charge de l’hypersexualité nécessite l’accompagnement d’un professionnel de santé mentale : sexologue, psychologue ou psychiatre. Celui-ci pourra poser le diagnostic et mettre en place une thérapie adaptée aux besoins du patient.
Plusieurs types de thérapies sont envisageables :
- Sexothérapie pour explorer son rapport au sexe ;
- Thérapie cognitive et comportementale (TCC) pour modifier ses schémas de pensée ;
- Thérapies de groupe entre hypersexuels pour rompre l’isolement ;
- Traitements médicamenteux (inhibiteurs de la libido, antidépresseurs…) pour réguler la pulsion sexuelle.
2. Éviter les stimuli sexuels
Pour lutter contre l’emprise de ses pulsions, l’hypersexuel doit aussi apprendre à éviter les situations à risque exacerbant son excitation sexuelle : films et contenus pornographiques, sites de rencontres, lieux propices au sexe…
3. Canaliser son énergie autrement
La personne doit également trouver des moyens de canaliser positivement son énergie vers d’autres centres d’intérêt que la sexualité. Qu’il s’agisse du sport, des loisirs créatifs ou artistiques, de la méditation… Toute activité permettant de se recentrer sur soi s’avère bénéfique.
4. Modifier son hygiène de vie
Certains changements d’hygiène de vie peuvent aussi aider à réguler la libido et à atténuer les montées de pulsions incontrôlables :
- Pratiquer une activité physique régulière ;
- Bien gérer son sommeil et son stress ;
- Équilibrer son alimentation ;
- Limiter sa consommation d’alcool