Dans la complexité des relations humaines, la manipulation se dresse comme un spectre, souvent invisible, altérant la sincérité des échanges. Reconnaître un manipulateur, c’est pénétrer dans un monde où les apparences séduisantes dissimulent des intentions moins nobles, où la flatterie et la persuasion se muent en outils de domination. Comment, alors, identifier ces architectes de l’illusion, ces maîtres de l’ombre qui tissent leurs toiles dans l’intimité de nos interactions ? Cet article vous invite à explorer les signes révélateurs de la manipulation, à décrypter les stratégies de ceux qui cherchent à influencer nos pensées et nos actions à leur avantage. Plus encore, il vous armera de conseils pratiques pour réagir avec assurance et protéger votre espace personnel contre ces incursions.
Les signes pour reconnaître un manipulateur
Il exerce une influence sur les émotions des gens
Pour obtenir ce qu’il veut, il tente d’influencer les émotions des autres. Il peut les faire se sentir coupables ou obligés, par exemple. Cela peut se traduire par des disputes, des larmes et un langage fort. Par exemple : « Si tu m’aimais, tu accéderais à ma demande ! »
Il dissimule ou retient des informations
Il comprend mal, supprime ou déforme intentionnellement la signification d’une information. Une version plus extrême de ce comportement est le gaslighting, qui pousse la victime à remettre en question sa propre adéquation et la vérité de son environnement.
Par exemple, il informe son conjoint qu’il souhaite rester à la maison au lieu d’assister à une fête. Son conjoint accepte et se rend à la fête tout seul, sans se soucier de son offense. Après tout, il veut aussi qu’il reste. Il ne l’a simplement pas exprimé directement. Même si, à l’origine, il n’a parlé que de lui et n’a pas proposé de le laisser rester à la maison avec lui, le conjoint involontaire reçoit en conséquence une dose de colère manifeste ou subtile.
Il cache quelque chose à son amant
Dans tout partenariat, les individus ont le droit de refuser. Dans une bonne communication, le refus implique de déclarer ses limites personnelles et d’exprimer son hésitation. Dans le contexte de la manipulation, le « non » est un moyen d’obtenir ce que l’on désire. Il refuse à son partenaire une discussion, une rencontre, du sexe et/ou de l’argent jusqu’à ce qu’il fasse une action précise. Par exemple : « Je ne parlerai pas avec toi jusqu’à ce que tu t’excuses ».
Il ne peut pas exprimer ses problèmes directement
Il préfère le silence ou l’insinuation à la discussion ouverte de ses émotions. Il espère que l’autre personne verra le mal, entamera le dialogue et, de préférence, lui demandera pardon immédiatement. Si la personne qui lui a fait du tort ne perçoit pas les « signaux », les émotions désagréables s’accumulent et deviennent de l’agressivité passive. Lorsque la coupe est pleine, il exprime sa colère contre l’individu. Comme il n’a pas réalisé que quelque chose n’allait pas, sa réaction ressemble à la tête d’une boule de neige.
Il apporte son aide afin d’obtenir quelque chose en échange
Il espère secrètement que son geste sera reconnu, retenu et remboursé par ses proches. Lorsqu’un copain est en difficulté, par exemple, il laisse tout tomber et accepte une rencontre malencontreusement programmée. Évidemment, ces comportements peuvent être motivés par le désir d’aider. En même temps, il peut s’attendre à ce que son copain reconnaisse ses efforts, exprime sa gratitude et s’enquière de son bien-être. Si elle ne le fait pas et continue à parler de ses difficultés, il est furieux qu’elle ne soit préoccupée que par elle-même et qu’elle ne valorise pas ses efforts.
D’où vient la pratique de la manipulation ?
Ses parents l’ont trompé ou ont trompé l’autre
La manipulation reste une sorte de communication. Et nous acquérons la capacité de communiquer dès la petite enfance. Si ses parents ont communiqué avec lui ou entre eux par le biais de la manipulation, il a adopté ce modèle de comportement. Par exemple, ils n’ont pas expliqué sa transgression mais l’ont empêché d’aller se promener. Ou bien ils ont lancé des ultimatums, nourri des ressentiments et s’accusent mutuellement d’être ingrats.
Il a peu de confiance en lui
Il peut se livrer à la manipulation parce qu’il pense ne pas mériter d’affection. Il craint de demander explicitement quelque chose aux autres parce qu’il ne pense pas le mériter. Avec la manipulation, il essaye de s’accrocher aux personnes aimées parce qu’il ne peut pas concevoir d’être complètement aimé pour rien.
Il est plutôt anxieux
Ou a une forme d’attachement anxieux. Plus que toute autre chose, il craint l’abandon. Tout le monde a cette inquiétude. En revanche, la crainte de l' »individu anxieux » peut être obsessionnelle et le pousser à des actes particuliers, notamment la manipulation. Par celles-ci, il tente de contrôler les émotions et les comportements des autres afin qu’ils se comportent de manière prévisible et ne puissent pas lui nuire.
Comment abandonner la pratique de la manipulation ?
Remplacez la manipulation par des modes d’interaction sains.
Si vous avez réalisé que vous êtes parfois manipulateur et que vous souhaitez y remédier, examinez votre style de communication. Essayez de transmettre des « auto-messages », par exemple. Il s’agit de la notion selon laquelle, au lieu d’attribuer un blâme, vous devriez exprimer vos sentiments. Dites « Tu me manques depuis que nous passons moins de temps ensemble » au lieu de « Tu ne fais pas attention à moi ». Au lieu de « Nous ne nous verrons pas tant que tu ne te seras pas excusé », vous pouvez dire « Je suis contrarié(e), j’ai donc besoin de temps pour me calmer » ou « Je suis blessé(e) parce que… Pouvons-nous parler ? » Dans cette approche, les couples peuvent discuter honnêtement de leurs expériences et parvenir à un consensus.
Les « messages je » peuvent être utilisés pour autre chose que la simple évacuation de la frustration. Ils peuvent être employés lorsque de l’aide et du soutien sont nécessaires. En lieu et place des allusions et des gros soupirs, vous pouvez déclarer : « Il y a quelque chose qui me contrarie. Je veux parler avec toi, recevoir tes conseils, ou simplement me défouler et me blottir contre toi ».
Déterminez les origines de la manipulation
Si vous voulez déterminer pourquoi vous influencez les autres, il est conseillé de consulter un psychologue. En général, le comportement manipulateur est composé d’un mélange compliqué d’éléments qu’il est difficile de reconnaître par soi-même. Que le problème soit l’anxiété ou le manque d’estime de soi, un professionnel peut vous aider à le surmonter ainsi que les attitudes qui y ont contribué.
Identifiez les modèles de comportement récurrents
Lorsque vous êtes conscient que vous influencez les autres, il est plus simple de garder le contrôle. Avant de faire quoi que ce soit aux autres, examinez soigneusement vos motivations.
Par exemple, votre conjoint a oublié votre prochain rendez-vous. Pour cette raison, vous ne souhaitez pas vous connecter avec lui. Vous tendez la main pour désactiver les alertes et cesser toute communication. Donnez-vous un peu de temps pour réfléchir aux raisons qui vous poussent à agir de la sorte. Vous vous sentez probablement blessé et vous voulez l’exprimer à votre amoureux. Cependant, il ne comprendra pas ce que vous ressentez tant que vous ne le lui dites pas. L’ignorer ne fera que lui causer de la confusion et du tort. Essayez plutôt de lui envoyer des messages personnels sur votre plainte.
Essayez de briser progressivement de plus en plus vos schémas de comportement habituels : soyez franc à propos de vos souhaits et de vos plaintes, et demandez de l’aide lorsque vous en avez besoin. Oui, ce ne sera pas simple au début. Cependant, vous vous rendrez rapidement compte que ce type de communication vous permet d’éviter les mauvaises pensées et suscite une plus grande réaction de la part de votre famille.
Développez la compassion
Considérez ce que c’est que d’être manipulé en vous mettant à la place de l’autre personne. Celui-ci peut s’inquiéter de ne pas vous comprendre. Ou vous pouvez découvrir, à votre grand désarroi, que vous lui en voulez depuis une semaine.
Si un ami proche exprime des sentiments négatifs à votre égard, essayez de l’écouter au lieu de l’ignorer. Discutez de ce qui ne va pas et cherchez une solution au problème. L’empathie permet de clarifier que l’individu en face de nous est un être vivant et non une source de plaisir.